samedi 15 février 2014

Peut-on réussir à supprimer la souffrance?


                Depuis la genèse de l’humanité, la souffrance accable l’homme. Ce dernier se heurte contre toutes
sortes de maladies qui l’empêchent de s’épanouir. Dès lors, la souffrance se présente comme un ennemi dont l’homme doit se débarrasser par le biais de la médecine. Dès lors, avec de nouvelles techniques thérapeutiques, tel que l’acharnement thérapeutique, les patient pensent que les médecins doivent leur apporter le bonheur en restaurant la santé. Cependant, peut-on supprimer la souffrance ?
 Depuis longtemps, la souffrance est considérée comme mauvaise, car elle est d’après Spinoza le «  passage à une moindre perfection » c'est-à-dire une marque d’échec.  Pour ce faire, il faut la supprimer. Mais avec quels moyens ? À voir de plus près, l’acharnement thérapeutique semble être loin de l’objectif visé. Il parait une arme inefficace pour éradiquer la souffrance, au contraire, il enfonce le clou. La souffrance reste un ennemi invincible. Si, donc, la souffrance apparait comme quelque chose d’invincible, pourquoi ne pas l’accepter, l’accueillir, la vivre comme l’expression de la contingence de la nature ? Il est difficile certes qu’une personne admette que son corps ne fonctionne plus ou d’accepter sa mort. Toutefois, il y a des maladies dont l’on ne peut pas guérir, les maladies dites incurables. Nous pouvons les citer entre autres le SIDA, le cancer et l’Alzheimer. Peut-on refuser ce que la nature a choisi puisqu’il ne dépend pas de nous ? Ne sommes- nous pas également le fruit de cet accident naturel ?
Au dire des stoïciens, la science doit s’intégrer dans la nature pour vivre et non pour la changer. La maladie, la mort, la souffrance sont « les lots qui nous sont attribués d’après l’ordre universel et que le tout est supérieur à la partie et la cité au citoyens ». Face à la contingence de la nature, l’on ne peut que se taire même si cela  n’interdit pas tout effort humain.

Il serait donc absurde de prétendre supprimer la souffrance en procédant par l’acharnement thérapeutique. S’acharner sur un individu c’est encore lui ajouter d’autre souffrance qu’elle soit physique ou morale. Quand on connait le sujet et qu’on sait qu’au fond on ne fera que prolonger sa souffrance, prolonger son agonie de quelques jours, il n’est pas moralement acceptable. On peut sur le plan éthique, laisser mourir. Il faut laisser la mort faire son œuvre.
 Ici il y a différence entre tuer et laisser mourir. La doctrine catholique est claire là-dessus. En 1976, l’épiscopat français la rappelle comme allant de soi : « lorsqu’il n’y a plus aucun espoir de guérir, il n’est certes pas nécessaire de recourir au moyens extraordinaires ».  Les inventions chirurgicales ou les médicaments à effets lourds s’accompagnent toujours par des douleurs. C’est une torture inutile que d’imposer la réanimation végétative dans la phase ultime d’une maladie incurable. Il serait mieux et d’ailleurs il est acceptable de faire recours aux soins palliatifs en attendant la mort de l’individu. Sur le plan éthique, il est conseillé de faire plutôt recours aux soins dits palliatifs.

Si la souffrance brise l’homme, le déprime et le décourage, pouvons-nous y trouver aussi quelque chose de positive ?
Contrairement à Spinoza, Marx Schiller fait de la souffrance un moment de  perfectionnement spirituel. C’est un moment de prise de conscience de soi. Car elle nous révèle à nous-mêmes. N’est-elle pas le moment capital pour la purification humaine ? La souffrance peut être positive si elle nous donne l’occasion de mener une vie intérieure.
Chez les chrétiens, la souffrance, en réalité, vue comme un mal, a une valeur spirituelle. Elle leur donne une occasion de sanctification, de s’unir à la souffrance du Christ. Beaucoup de Saints à l’exemple de Saint Paul et Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, a vécu la souffrance dans la sérénité, la joie intérieure à la suite de leur Maître. La souffrance devient  une union au serviteur souffrant. Au fait, c’est s’associer aux souffrances rédemptrices du Christ. Il est vrai que les chrétiens ne cherchent pas la souffrance mais devant cette contingence de la nature ils l’assument, l’acceptent et la vivent dans la foi. C’est ainsi qu’on peut trouver des chrétiens qui vivent leur maladie dans la paix et la joie intérieure.

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